Résumés des chapitres TES
L'essentiel de chaque chapitre en 6 points clefs 11. Comment s'articulent marché du travail et organisation dans la gestion de l'emploi ? Télécharger le résumé
1. Le courant théorique néo-classique analyse le marché du travail comme un simple marché des biens et services, où se rencontre à chaque prix possible, une offre quantitative de travail (celle de l'ensemble des demandeurs d'emploi dans un secteur, i.e les salariés) et une demande quantitative de travail (celle de l'ensemble des offreurs d'emploi dans un secteur, i.e les entreprises), et où se fixe un prix réel de l'heure de travail (le taux de salaire réel, salaire nominal diminué de l'inflation). Dans un repère orthonormé, on peut observer qu'un prix d'équilibre se fixe (le taux de salaire réel) selon la loi de l'offre (croissante avec le salaire, car la demande de travail est le résultat d'un arbitrage loisir/travail de chaque individu : une heure de loisir supplémentaire prive le consommateur d'une quantité de biens et services qui dépend du niveau de salaire) et de la demande (décroissante avec le salaire, car l'employeur rationnel qui maximise son profit, égalise le niveau de productivité marginale -décroissante et le coût du travail : il n'embauchera pas un individu, si celui-ci est plus coûteux que son apport productif) : chaque point d'une courbe représente une attente préexistante au marché (couple salaire réel - quantité d'heures offertes ou demandées).
2. Une modification des attentes (baisse du salaire réel demandé par les offreurs de travail) permet selon les néo-classiques, de faire varier les quantités (demande de travail en hausse car les employeurs augmenteraient alors leur volume de production, effet volume, et cesseraient de remplacer des hommes « coûteux » par des machines, effet substitution), et de retrouver un équilibre prix-quantité, équilibre de plein emploi. Un déplacement des courbes (qui déplace donc le point d'équilibre) signale un changement des attentes (préférences) ou une modification des paramètres fondamentaux des deux courbes
3. D'autres économistes (néo-keynésiens) considèrent que le marché du travail est spécifique. Première grande spécificité : l'hétérogénéité du facteur travail qui remet en cause l'hypothèse d'homogénéité en CPP. Chaque salarié n'est pas caractérisé par un niveau d'efficacité et de productivité transposable à toutes les tâches (cela varie selon l'expérience, la motivation, la qualification, l'âge, le genre, etc.). Chaque individu est donc différencié, et on distingue entre un marché primaire (les formés, qualifiés, demandés) et un marché secondaire (les précaires).
4. Deuxième grande spécificité : l'asymétrie d'information entre salariés et employeurs, qui va perturber l'établissement du salaire d'équilibre. Il y a d'abord la situation d'anti-sélection qui apparait avant la signature du contrat où l'employeur qui ne connait pas à l'avance le niveau de productivité de ses employés, peut être trompé par l'offre de candidats opportunistes et tricheurs, qui chassent les « bons » candidats. Il y a ensuite l'aléa moral qui apparait après la signature du contrat. Le candidat opportuniste peut avoir intérêt à diminuer sa productivité réelle après la signature, au détriment des employeurs (cette situation se rencontre aussi souvent dans le domaine de l'assurance, où l'assuré adopte un comportement moins prudent, une fois couvert). La prise en compte de ces problèmes conduit certaines entreprises à élever le niveau de salaire moyen pour s'assurer un salariat fidèle et efficace, et diminuer les coûts de recrutement et de formation. La théorie du salaire d'efficience proposée par K. Shapiro et J. Stiglitz dès 1984 inverse la relation productivité-salaire, en soulignant que le versement d?un salaire élevé, moyen de conserver les employés, est aussi le point de départ d'une amélioration de la productivité individuelle
5. Au fil du temps, le rapport salarial s'est institutionnalisé : la relation d'emploi a été subordonnée à des règles sociales progressivement mises en place. L'Etat est intervenu pour arbitrer la négociation salariale et encadrer juridiquement la relation contractuelle de subordination qu'est le salariat, et qui concerne de plus en plus de monde (le statut salarial concerne aujourd'hui près de 90% de la population active). Les économistes néoclassiques considèrent que ces interventions étatiques, renforçant les droits sociaux et la protection juridique du travailleur (contrat de travail), ont eu pour résultat tendanciel, la fixation d'un niveau de salaire supérieur au salaire d'équilibre (et donc, la création d'un chômage durable).
6. De fait, on assiste à une institutionnalisation de la relation salariale qui est maintenant gouvernée par des normes sociales, négociées et imposées par des acteurs collectifs certes en conflits, mais structurés, légitimes et habitués à se parler (les partenaires sociaux). La négociation ne s'oppose donc pas au conflit, mais en constitue un prolongement et une voie de sortie normale dans le processus décisionnel (chacun trouvant un intérêt à la coopération finale et à l'obtention d'un compromis). (V1)
12. Quelles politiques pour l'emploi ? Télécharger le résumé
1. L'ensemble des chômeurs est perçu comme un stock de personnes en situations difficiles, qui ne parviennent pas à retrouver un emploi. Or, il s'agit surtout d'un flux : il y a bien 3-4 millions de personnes au chômage, mais chaque jour ce ne sont pas les mêmes (10 000 emplois crées et détruits, chaque jour). Les véritables problèmes sont les problèmes de reconversion et de requalification, le chômage de longue durée (chômeurs de plus d'un an), et le chômage répétitif (alternances de périodes de petits emplois et de chômage). Rappelons qu'il ne faut pas confondre le taux d'emploi (rapport actifs occupés/personnes en âge de travailler 15 à 64 ans, y compris donc les inactifs) et le taux de chômage (actifs non occupés/actifs disponibles, excluant donc les inactifs).
2. Par ailleurs, la structure des emplois se modifie constamment sous l'effet du progrès technique (demande de travail qualifié, tertiarisation), de la concurrence internationale, et des variations parfois brutales de la demande des consommateurs (qui se porte sur des secteurs variés).
3. Selon les économistes keynésiens (de John Maynard Keynes, 1883-1946), le marché du travail n'existe pas, car l'offre de travail n'en est pas une au sens théorique du terme. Seuls les entrepreneurs demandeurs de travail, décident exclusivement du niveau d'emploi dans une économie, car les offreurs de travail sont réduits à ne prendre que ce qu'on leur propose. Selon Keynes, les entrepreneurs sont beaucoup plus sensibles au niveau de demande globale attendue (demande effective, clientèle) qu'aux conditions de financement de leurs investissements (comme le soutient le courant néo-classique). La solution Keynésienne consiste principalement à redonner un rôle fort à l'Etat. La dépense publique doit être conçue comme un appoint et un stimulant de la dépense globale privée : quand les perspectives macroéconomiques (cf. Carré magique de Kaldor) ne sont pas bonnes, l'Etat doit dépenser directement en projets d'investissement, redistribuer du pouvoir d'achat ou réduire les impôts (politique budgétaire de relance) et favoriser les dépenses privées (politique monétaire de bas taux d'intérêt encourageant les investissements et la consommation à crédit).
4. Les néo-classiques considèrent au contraire des keynésiens, et en accord avec la logique de marché, que le chômage trouve sa source dans le trop haut niveau des salaires réels qui encourage les demandeurs d'emplois à se présenter sur le marché du travail, et réduit l'offre de travail des employeurs pour un niveau donné de productivité. Pour lutter contre le chômage, il faudrait donc supprimer toutes les barrières institutionnelles qui empêchent ou limitent les fluctuations du salaire réel (le SMIC -barrière basse-, les syndicats de travailleurs, les charges sociales, etc.). Cela est d'autant plus difficile qu'en période de ralentissement de l'inflation, cela signifie qu'il faut stabiliser ou diminuer le niveau nominal des salaires. La diminution des couts salariaux réels peut aussi être obtenue par la voie des allègements de charges sociales
5. Une autre façon de lutter contre le chômage consiste à flexibiliser le marché du travail. Il existerait un niveau de chômage quasiment incompressible (composante structurelle du chômage, ou chômage frictionnel), qui correspond aux mouvements normaux d'une économie en croissance (le délai de passage des employés des secteurs en déclin vers les secteurs en expansion, voir plus haut). Il peut donc y avoir un décalage entre l'offre de travail et la demande de travail qui demande un temps d'ajustement : différences géographiques, différences de qualifications, rigidités juridiques (les syndicats d'employeurs expliquent que des entrepreneurs hésitent à embaucher en raison de la peur de ne pas pouvoir se séparer facilement d'un employé sous contrat), etc. On peut agir sur cette composante structurelle en facilitant les ajustements de la population active (formation, RSA?), d'une part, et en facilitant l'ajustement quantitatif et qualitatif de la production des entreprises aux variations et fluctuations de la demande, d'autre part (5 flexibilités).
6. L'Etat peut aussi conduire des politiques sociales de l'emploi, qui ne visent pas à éliminer les causes économiques du chômage, et se contentent simplement de soulager temporairement les populations victimes pour rendre supportable la situation de désaffiliation (R. Castel). (V1)
8. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ? Télécharger le résumé
1. La sociologie dans le contexte de la fin du 19ème (fin de la société d'ordre, sécularisation, urbanisation) se construit sur la question suivante : comment remplacer la religion, les traditions et les communautés locales, i.e. les anciens facteurs de cohésion sociale, qui disparaissent ? Selon Durkheim, la division croissante du travail social (en grandes fonctions, en métiers, chacun se spécialisant, en raison de la densité démographique) entraînerait le passage progressif de la solidarité mécanique dans les sociétés traditionnelles (individus similaires et interchangeables, une conscience collective forte, et l'application d'un droit répressif), à la solidarité organique (conscience individuelle forte, des individus autonomes mais fortement complémentaires, et l'application d'un droit restitutif) qui caractérise les sociétés modernes et complexes. Mais il y a des formes anormales, pathologiques de la division du travail diminuant la cohésion sociale (une forte conscience collective, des relations sociales nombreuses, l'existence de buts communs) : la division du travail bureaucratique (on perd le sens des finalités), la division du travail contrainte (frustration née d'un mauvais placement dans la division du travail), et la division anomique (perte de repères).
2. Simmel s'oppose partiellement à la vision évolutionniste de Durkheim (passage du mécanique à l'organique). En effet, les liens de société (liens froids, souvent de types marchands, et qui se cumulant, renforcent l'individualité) coexistent encore, selon lui, avec les liens communautaires (liens chauds, affectifs que l'on rencontre dans les petits groupes primaires partageant les mêmes normes et valeurs).
3. La famille est une institution (ensemble de normes qui orientent l'action sociale) qui est le lieu de la socialisation primaire, donc de l'intégration sociale : partage des normes et valeurs du groupe. Cette institution éprouverait aujourd'hui des difficultés à socialiser, en raison des transformations familiales, de la libéralisation générale des m?urs, de la progression de l'activité féminine, et de l'interventionnisme jugé déresponsabilisant de l'Etat. Mais l'institution familiale, au fonctionnement plus « démocratique » et moins autoritaire, reste encore centrale dans la transmission de normes et valeurs, et dans sa fonction de solidarité.
4. L'école reste une instance d'intégration importante. Cependant, si la massification est indéniable (ouverture des accès au collège et au lycée), la démocratisation scolaire (recul des inégalités scolaires et de la sélection sociale, modèle méritocratique) reste encore difficile. Il est vrai que l'on demande peut être trop à l'école : transmettre des normes et valeurs pour socialiser, fournir une qualification et des connaissances pour intégrer professionnellement, former des citoyens autonomes.
5. L'emploi, dans notre société salariale (R. Castel) donne accès à des revenus (accès à la société de consommation), une position sociale (affichée par le niveau de vie, et qui permet de construire l'identité sociale et le réseau de sociabilité) et une protection sociale (droits sociaux). La crise du modèle d'intégration par le travail peut s'expliquer par les trois causes suivantes : le travail (dans l'entreprise) n'est plus un lieu d'ancrage stable (autres identités et rôles sociaux, frustrations et insatisfactions professionnelles), l'affaiblissement du mouvement ouvrier et la tertiairisation fragilise l'ancrage politique, le chômage et la précarité affectent le processus d'intégration (économique et social).
6. La désaffiliation (R. Castel), désigne alors le processus général d'affaiblissement des liens familiaux et amicaux (ruptures, recomposition?) et des liens du travail (précarité, chômage), coupant ainsi progressivement un individu de la société (rupture du lien social et exclusion progressive). (V1)
9. La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ? Télécharger le résumé
1. Le conflit social peut être défini comme un affrontement entre groupes sociaux n'ayant pas les mêmes intérêts, positions et idées. Les conflits du travail qui ont longtemps structuré la société française (grèves et nouveaux droits), sont en transformation aujourd'hui (conflits plus courts et localisés), en raison de la progression du chômage de masse, de la modification de la population active (moins d'ouvriers, couches moyennes salariées aux revendications post-matérialistes), de l'institutionnalisation des conflits (encadrement et négociations régulières), de la crise du syndicalisme (professionnalisation et coupure) et de la progression de l'individualisme dans un contexte de flexibilisation.
2. La mobilisation collective, qui peut naitre de manques matériels ou de frustrations relatives, est en effet, rendue plus difficile dans un contexte de différenciation sociale accrue. Olson explique que les agents rationnels ont intérêt à jouer au free-rider, ce qui condamne l'action collective (paradoxe que des incitations monétaires ne suffisent pas à surmonter), tandis qu'Hirschman montre que les comportements d' « exit » ou de « loyalty » l'emportent sur celui de « voice ». Obershall souligne que la capacité à sortir du paradoxe d'Olson dépend de nombreux paramètres et en premier lieu de l'intensité des relations sociales à l'intérieur du groupe en lutte.
3. Le conflit est vu comme un échec de l'intégration sociale, une pathologie sociale, dans la sociologie de Durkheim. Mais d'autres auteurs considèrent que le conflit peut être une force d'intégration. Obershall explique que le conflit peut être créateur de liens sociaux à l'intérieur du groupe mobilisé contre une autorité extérieure plus ou moins ferme. Le conflit est normal dans la sociologie de Weber (conflits valeurs-intérêts) et de Simmel (conflit, cristallisation du lien social). C'est même une forme de relation sociale habituelle et essentielle. Coser souligne que le conflit permet d'intégrer, notamment en mobilisant contre l'ennemi commun.
4. Les NMS, sont des nouveaux mouvements sociaux de type ITO (identité commune, projet de société total, et opposition : féministes, régionalistes, écologie, altermondialistes?) qui, selon A. Touraine en 1975, auraient dû remplacer les conflits autours du travail, comme moteur du changement social (imposer de nouvelles valeurs et normes juridiques).
5. Selon Ronald Ingelhart, on assiste plutôt à une « révolution silencieuse », le passage à des valeurs « post matérialistes » (construction de l'identité personnelle plutôt que lutte sur des enjeux matériels et salariaux). Mais le retour, avec la crise économique persistante, à des conditions de vie précaires, réactive les revendications matérialistes.
6. Curieusement, on assiste aujourd'hui à un conflit qui porte sur la définition et la qualification médiatique des conflits du travail, souvent présentés comme conservateurs (défense des droits conquis, présentés pourtant comme avancées humanistes dans le passé) et qui seraient une résistance « archaïque » aux «nécessaires» réformes sociales imposées par la mondialisation et l'ouverture internationale, (V1)
5. La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l'environnement ? Télécharger le résumé
1. Paradoxalement, l'augmentation du PIB s'accompagne d'atteintes au bien-être social (libertés, cadre de vie, accès aux soins, instructions, etc.) et à l'environnement naturel (pollutions, disparition des ressources et des espèces).
2. La nature est considérée par les économistes, comme un stock de ressources (capital naturel) qui intervient dans la combinaison productive, au côté du capital physique (outils) du capital humain (qualité et quantité de main d'?uvre), et du capital institutionnel (ce qui structure les interactions), pour obtenir un niveau de production.
3. Après avoir longtemps considéré le capital naturel comme illimité et gratuit, les économistes aujourd'hui, tentent de le mesurer. En effet, le capital naturel est victime de la tragédie des biens communs (Ostrom). Epuisable (rival), il est accessible à tous (non excluable), ce qui conduit à des gaspillages. Le rapport Brundtland (1987) propose donc de remplacer l'objectif de croissance économique, par l'objectif de développement durable (« répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre la possibilité de répondre à ceux des générations à venir »), qui vise au développement économique et social, et à la préservation de l'environnement.
4. Mais l'appréciation de l'urgence n'est pas la même pour tout le monde. Les tenants de la soutenabilité faible considèrent que la disparition d'un capital (le capital naturel) peut être compensée par l'augmentation d'un autre type de capital (le capital physique et technologique qui s'y substitue, quand les incitations prix sont suffisamment fortes.). Encore faut-il que le progrès technique soit suffisamment efficace. D'autres, les tenants de la soutenabilité faible considèrent que l'on se heurte à des irréversibilités en matière de capital naturel, qui ne peut être remplaçable totalement : il faut donc préserver la ressource en péril et assurer son renouvellement maitrisé. Le seuil de stock critique est difficile à évaluer mais la mesure de l'empreinte écologique est une piste possible.
5. Le GIEC a établi un lien indéniable entre l'activité humaine et le réchauffement climatique aux conséquences désastreuses. Les économistes considèrent que le réchauffement climatique est le résultat d'externalités négatives (activités polluantes non prises en compte dans le calcul économique). C'est une défaillance du marché bien connue que l'on peut combattre de trois manières possibles.
6. Soit les pouvoirs publics posent des interdictions règlementaires (pour les activités polluantes) et des incitations monétaires (pour les activités bénéfiques), soit ils mettent en place des taxes pollueurs-payeurs (Pigou) pour réintroduire le coût réel collectif dans les prix privés (internalisation des externalités). Mais tout cela est mal accueilli en situation de compétition internationale. Soit enfin, ils utilisent le système de marché de quotas négociable proposé par Ronald Coase, où chaque agent dispose d'un droit à polluer qu'il peut ensuite vendre librement auprès d'autres agents. Ainsi, protéger la nature peut être rentable, tandis que la pollution devient couteuse. La difficulté reste de fixer le seuil de départ (le droit à polluer). (V1)
1. Quelles sont les sources de la croissance économique ? Télécharger le résumé
1. La croissance économique se traduit habituellement par l'augmentation de la production de biens et de services, mesurée par le PIB (produit intérieur brut, somme des valeurs ajoutées, donc des richesses produites dans l'année, et du niveau de vie).
2. Cet indicateur est imparfait car il ne mesure (et mal) que certains aspects (ne mesure pas la production non-marchande, domestique, illégale, etc.), ce qui conduit à chercher des indicateurs alternatifs comme l'IDH (indicateur de développement humain synthétisant, savoir, santé et richesse).
3. L'indicateur PIB permet néanmoins de faire des comparaisons intéressantes dans le temps (on observe une croissance extraordinaire depuis 200 ans et la révolution industrielle) et dans l'espace (certains pays sont « en retard » sur d'autres).
4. Les premiers théoriciens néoclassiques expliquaient qu'il suffisait d'augmenter la quantité de facteurs travail et capital utilisés pour augmenter la production et le PIB (croissance extensive, avec épargne et investissement pour augmenter le facteur capital, et croissance démographique pour augmenter le facteur travail).
5. Mais des théoriciens du 20ème siècle (Solow) ont montré que la majeure partie de la croissance s'expliquait surtout par l'amélioration de l'efficacité des facteurs capital et travail (croissance intensive obtenue par l'amélioration de la productivité globale des facteurs, PGF, elle-même obtenue à partir d'un progrès technique, exogène, « tombé du ciel »).
6. La troisième vague de théoriciens (croissance endogène, P. Romer) conclue alors qu'il faut agir sur les sources de progrès technique pour augmenter la croissance et le niveau de vie. Ces sources sont l'innovation technique favorisée par la R&D, l'éducation, et les externalités positives produites par les infrastructures publiques et le cadre institutionnel (brevets, par exemple). (V1)
2. Comment expliquer l'instabilité de la croissance ? Télécharger le résumé
1. On observe des fluctuations de la croissance (variations du taux de croissance du PIB autour d'une tendance de long terme, le trend).
2. De nombreux auteurs proposent des explications globales aux crises économiques (points de retournement de la courbe de croissance). Ce peut être une surproduction (entrainante général de la déflation, i.e baisse des prix auto-entretenue, et du chômage), ou encore une sous-production (entrainant inflation).
3. L'alternance de phases de crises et de reprises régulières suggère l'existence de cycles économiques plus ou moins longs (cycles court Kitchin, cycles moyens Juglar 6-10 ans). Schumpeter explique les grands cycles Kondratiev de 50 ans, par l'alternance de vagues d'innovations (innovations de procédés et de produits) entrainant de la destruction créatrice.
4. Les économistes néoclassiques raisonnent en termes d'équilibre général entre offre globale (PIB + importation + stocks) et demande globale (Consommation, investissement, exportation), qui serait affecté par des chocs exogènes (une guerre, une invention, etc.) ou endogènes (cycle d'investissement et accélérateur, etc.). Le choc de demande positif ou négatif, dérègle le côté demande (variation des revenus et du volume de crédits, variation de la compétitivité, perturbant la vente des produits). Le choc d'offre négatif ou positif, dérègle le coté offre (modification du volume et de l'efficacité des facteurs de production, qui impacte les coûts de production, et donc le volume de production).
5. D'autres auteurs enfin, insistent sur l'importance du cycle de crédit (cycle endogène = la variation est d'origine économique). Parfois les banques accordent trop de crédits (taux d'intérêts bas et boom spéculatif) ce qui alimente la consommation, l'investissement et la surévaluation des actifs, et donc la prospérité, jusqu'au moment où l'euphorie cesse (la bulle se dégonfle, la réévaluation des actifs fait apparaitre un surendettement des agents, Krach), les crédits sont rationnés (crédit crunch) et la crise économique réelle revient (exemple de la crise des subprimes).
6. L'Etat peut essayer d'agir en menant des politiques contra-cycliques (par exemple, verser des revenus en situation de crise, en retirer en période de croissance). (V1)
3. Quels sont les fondements du commerce international et de l'internationalisation de la production ? Télécharger le résumé
1. La mondialisation se traduit par une augmentation des échanges internationaux de biens et de services (commerce international avec exportations et importations), une internationalisation de la production (multinationalisation des firmes, et commerce intra firme), une augmentation des mouvements de capitaux (globalisation financière) et des personnes (tourisme).
2. En échangeant de plus en plus (x 40 depuis la seconde guerre mondiale), les nations deviennent de plus en plus interdépendantes et extraverties (taux d'ouverture [(X+M/2)/ PIB] de 20 à 30% du PIB). Si les flux d'échange étaient longtemps concentrés sur trois zones (tripolarisation : US, UE, Japon), on assiste plutôt aujourd'hui à une multipolarisation (montée en puissance de la Chine, de l'Inde, du Brésil) et à une régionalisation des échanges (commerce intra zone : Alena, Asean, Mercosur, UE?). L'échange international (70% marchandises, 20% de services, 10% de produits primaires) évolue vers de l'intrabranche (échange de produits de la même famille ou branche) plutôt que de l'inter branches.
3. L'échange s'explique d'abord par l'idée d'un gain à l'échange en situation de différence : ce que l'on cède à une valeur subjective inférieure (coût moindre) à ce que l'on obtient (c'est l'idée centrale de la théorie du libre-échange qui s'oppose à la théorie protectionniste). La forte volonté politique après-guerre, de développer le commerce par suppression des barrières douanières tarifaires (actions du GATT puis de l'OMC), le développement des moyens de communication (Internet) et la baisse spectaculaire des coûts de transports (porte-conteneurs, par exemple) ont aussi fortement favorisé les échanges internationaux.
4. Cette progression augmente l'interdépendance entre les nations (la croissance de la France dépend de l'Allemagne et vice-versa, par exemple) et la contrainte de compétitivité (capacité à gagner ou maintenir des parts de marché, soit en diminuant les prix, soit en recherchant des qualités hors prix). Comme la dépréciation ou l'appréciation d'une monnaie affecte les ventes et achats à l'étranger, les nations sont aussi obligées de veiller au prix relatif de leur devise nationale (taux de change sur le marché des changes - FOREX, dans un régime de change flexible).
5. La théorie ancienne des avantages comparatifs (Smith, Ricardo, HOS), au c?ur des théories du libre-échange, explique qu'il faut se spécialiser dans la production la moins désavantageuse (meilleures dotations en facteurs, meilleure efficacité) et se procurer ce qui manque par l'échange (interbranches). Les théories modernes (Krugman) considèrent que que toutes les spécialisations ne se valent pas, et qu'un avantage comparatif se construit, dans un environnement de concurrence imparfaite. Mais tous s'accordent pour reconnaitre des avantages au libre-échange (baisse des coûts de production, progression de la productivité, accroissement de la variété des produits, accroissement des économies d'échelle et des effets de demande). Ce n'est pas l'avis des théoriciens du protectionnisme qui considèrent qu'il faut pénaliser la concurrence étrangère par des barrières tarifaires et non tarifaires, dans le but de protéger les industries naissantes (List), ou dans le but de protéger des industries vieillissantes (Kaldor), et de faire face aux quatre dumpings : commercial, social, monétaire et environnemental.
6. Les firmes multinationales (FMN, constituée d'une société mère et de filiales à l'étranger, contrôlées au moins à 50%) multiplient les investissements directs à l'étranger (IDE : création ou participation > 10%, sinon c'est un investissement de portefeuille) en suivant 4 logiques successives. La recherche du moindre coût et de la sécurité des approvisionnements, la recherche de débouchés et de compétences sur un marché local, la recherche du moindre coût dans la production (DIPP : la Décomposition Internationale des Processus Productifs est la production des parties d'un même bien dans différentes nations, avec une logique d'externalisation faire-faire, puis de recomposition- assemblage.), la recherche d'un pouvoir de marché et l'optimisation fiscale (monopole, commerce intra-firme et mécanisme des prix de cession internes). Les FMN, engagées aujourd'hui dans une mondialisation de la production, sont aujourd'hui en mesure de mettre en concurrence des Etats et territoires, qui se disputent leurs implantations apparemment favorables (épargne d'appoint, technologie, entrainement sur d'autres secteurs, recettes fiscales?), mais qui oublient les effets pervers (suppression des emplois locaux, délocalisations, pression sur les salaires, atteintes à l'environnement, corruptions, volatilité des investissements et IDE?) (V1)
4. Quelle est la place de l'Union Européenne dans l'économie globale ? Télécharger le résumé
1. Les 5 étapes de l'intégration économique selon l'économiste Béla Balassa, sont la zone de libre-échange, l'union douanière (tarif extérieur commun), le marché commun (suppression des frontières internes), l'union économique et enfin la monnaie commune. La construction européenne va suivre ces étapes, et se doter d'institutions communes nombreuses. Les 5 institutions principales de l'Union Européenne sont actuellement : le Conseil Européen des chefs d'Etats présidé actuellement par M. Herman Van Rompuy, et définissant des orientations générales, le Conseil de l'Union européenne des ministres à l'origine des décisions, la Commission européenne avec actuellement 27 commissaires, et qui prend l'initiative des textes - avis, règlements, directives, décisions-, le Parlement européen de 774 députés élus pour 5 ans (suffrage universel direct), donnant des avis et votant les dépenses du budget, et enfin la Cour de justice européenne capable de donner des amendes aux Etats ne respectant pas les directives (interprète en produisant de la jurisprudence).
2. La CEE (communauté économique européenne, ou Europe des 6 Fra-RFA-Italie Benelux, ou encore « Marché Commun ») instituée par le Traité de Rome en 1957, est une zone de libre-échange. Les trois objectifs du traité de Rome en 1957 sont l'établissement d'un marché commun, le rapprochement progressif des politiques économiques et un développement de l'activité économique. La PAC (politique agricole commune), la politique de la concurrence, la politique de R&D, la politique de mobilité étudiante (Erasmus, Comenius), la politique régionale avec le FEDER sont des exemples de politiques communautaires à l'échelle Européenne.
3. Les 3 principes de l'acte unique en 1987, sont la « libre circulation des marchandises, des capitaux et des hommes » (donc le marché commun), l'harmonisation des règles existantes (donc l'union économique, 4ème étape), mais aussi la reconnaissance mutuelle des spécificités nationales (principe de subsidiarité) pour rassurer certains opposants. En février 1992, le Traité de Maastricht prévoit l'UEM pour 1999 (monnaie unique, 5ème étape) mais soumet les pays candidats à un processus préalable de sélection économique avec 5 critères de convergence (inflation faible, déficit et dette publique limitée, taux d'intérêts alignés et taux de change maintenus). Le traité d'Amsterdam en 1997, prévoit la mise en place, sous la pression d'une Allemagne inquiète, d'un pacte de stabilité et de croissance (PSC) prolongeant les critères budgétaires après l'UEM, et la création de la BCE indépendante (Banque Centrale Européenne, instituée au 1er janvier 1998 pour enlever le pouvoir monétaire aux Etats « dépensiers », thèses du Public Choice). Le traité de Nice en 2000, tente de régler les problèmes difficiles liés à l'augmentation du nombre d'Etats membres (25 en 2004 avec les 10 PECO) en instaurant des procédures de décision à la majorité qualifiée. Cela sera complété par le Traité Constitutionnel Européen (TCE) adopté en 12/2007 (après un refus provoqué par le risque de constitutionnalisation des politiques économiques libérales lors du referendum de 2005)
4. L'UE à 27 (ne pas confondre avec l'UEM, ou zone euro comportant 17 Etats en 2013), est la première zone économique mondiale en 2012 : 500 millions d'habitants (soit 8% de la population mondiale), PIB estimé à 18 000 milliards de $ courants (soit 25% du PIB mondial en volume, 2012), 35 000$ par habitant, 18% des échanges mondiaux nets des échanges intra-européens.
5. La mise en en place de l'€ devrait entrainer du point de vue microéconomique, de la spécialisation (donc des économies d'échelle) de la transparence (donc concurrence), et une diminution des coûts de conversion (donc baisse des prix), et du point de vue macroéconomique, la réaffectation de l'outil taux d'intérêt aux questions internes (fin de la spéculation sur changes, dans le cadre du triangle d'incompatibilité de Mundell), l'arrivée de capitaux internationaux (euro fort pénalisant pour les exportations, mais obligeant à des efforts structurels) et l'accentuation des interdépendances et échanges économiques entre Etats membres.
6. Mais les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, et l'Union Européenne souffre d'un triple problème : coordination des politiques économiques et budgétaires entre Etats membres (politiques non coopératives de moins disant salarial ou fiscal), efficacité de la politique monétaire (politique de monnaie forte handicapant les exportations, difficultés pour la BCE de faire à un choc asymétrique, objectifs de stabilité des prix de la BCE qui peut être contradictoire avec les politiques budgétaires nationales), absence de politique budgétaire commune (il n'existe pas de budget fédéral réel). Pour redonner de la cohérence aux politiques menées, l'UE adopte alors un pacte de stabilité et de croissance renforcé, prolongé par une politique de règles automatiques (règle d'or en mars 2012, interdiction d'aller au-dessous de 0.5% de déficit structurel public, et donc interdiction des politiques discrétionnaires Keynésiennes). Mais la politique d'austérité générale entraîne un ralentissement spectaculaire de la croissance dans l'UEM, au risque de la déflation. (V1)
6. Comment analyser la structure sociale ? Télécharger le résumé
1. L'inégalité est une différenciation dans l'accès à une ressource socialement valorisée, cette valorisation évoluant dans le temps et l'espace (élément culturel). Aujourd'hui, on distingue entre les inégalités économiques (différences dans le niveau de revenu du travail ou de transferts, et le niveau de patrimoine) et les inégalités sociales (le reste : différences de logement, d'accès à l'école, de pratiques culturelles, etc?).
2. L'écart à la moyenne donnant une mauvaise mesure des inégalités, on utilise plutôt des indicateurs de dispersion : la médiane (valeur de la série qui coupe l'effectif en deux parties égales) ou le rapport inter déciles (l'écart entre le groupe 1 le moins doté et le groupe 10 le plus doté). La courbe de Lorenz est une manière graphique de présenter l'écart par rapport à une droite d'équirépartition (bissectrice où une proportion de la population possède une proportion identique des ressources). Plus la courbe de concentration s'éloigne de la bissectrice, plus l'inégalité est grande.
3. Avec ces outils, on mesure des inégalités de revenus grandissantes (niveaux de vie individuels), et des inégalités de patrimoine encore plus grandes. Ces inégalités économiques se cumulent et se renforcent avec les inégalités sociales nombreuses (par l'âge, les PCS, dans l'espace, etc.) et sont à l'origine d'une fracture de plus en plus grande entre les groupes de population (par exemple, les inégalités de revenus génèrent des inégalités scolaires qui génèrent à leur tour des inégalités de revenus).
4. Cet accroissement des inégalités devait disparaitre avec le développement économique selon Kuznets (courbe en U inversée reliant PIB/habitant et inégalités), mais Piketty montre au contraire que l'écart s'accroit de plus en plus (société de rentiers encouragée par une fiscalité en recul) avec des effets incertains sur la croissance globale (certains défendant l'idée que les inégalités économiques seraient un moteur de la croissance).
5. D'un point de vue sociologique, on obtient alors une société stratifiée, divisée en groupes sociaux différenciés aux ressources inégales. Marx considère que le conflit économique entre la classe sociale des prolétaires (qui louent leur force de travail) et celle des bourgeois (propriétaires des moyens de production), entraine une bipolarisation de la société (classe en soi, qu'il faut pouvoir compléter d'une classe pour soi ou conscience de classe). Cependant Weber, utilisant une analyse pluridimensionnelle, montre la coexistence des stratifications culturelles (prestige social, groupes de statut), politiques (pouvoir) et économique (riches-pauvres), et souligne la possibilité de mobilité sociale entre strates (et non classes).
6. Certains sociologues contemporains (Henri Mendras, 1984) considèrent que la forte croissance économique des trente glorieuses entraine une homogénéisation culturelle et sociale (convergence des modes de vie), mais d'autres auteurs (Louis Chauvel, 2001) montrent un retour des inégalités économiques à l'origine d'une nouvelle polarisation (classe en soi, sans conscience) ou d'une fragmentation des groupes sociaux (Rosanvallon et Fitoussi, 1996). Le sociologue Pierre Bourdieu s'inscrit dans ce courant critique, et tente une synthèse entre Marx et Weber, en soulignant que les mécanismes de domination économiques s'accompagnent de mécanismes de domination culturelle (théorie des trois formes de capitaux, investis dans les champs sociaux). (V1)
7. Comment rendre compte de la mobilité sociale ? Télécharger le résumé
1. La mobilité sociale est un phénomène de déplacement dans l'espace social (P. Sorokin). Une société fluide avec de la mobilité sociale, est un signe d'égalité des chances, et donc de société méritocratique qui fonctionne bien. On distingue d'une part, entre la mobilité intergénérationnelle (parents et enfants) et la mobilité intragénérationnelle (changer d'activité et de statut dans une vie), et d'autre part, entre la mobilité horizontale (changement d'activité sans changement de statut) et la mobilité verticale (changement de statut social).
2. Pour mesurer la mobilité, on construit des tables de mobilité. La table des « destinées » pose la question « Que deviennent les fils ? » en ligne, tandis que la table de « recrutement » pose la question « D'où viennent les fils ? » en colonne. L'évolution des PCS (disparition, transformations, changement de statut), la profession des mères (ignorée dans les anciennes enquêtes), et la progression de la mobilité intra générationnelle, faussent la mesure de la mobilité dans les tableaux de mobilité. Mais cet outil imparfait permet de faire apparaitre une mobilité sociale réduite (il y a de l'immobilité, ou de la reproduction sociale), courte (PCS voisines), et structurelle (mobilité forcée par l'évolution des métiers). La mobilité nette, ou fluidité sociale (odd-ratios) est faible en France (pour calculer la fluidité sociale, on calcule d'abord une probabilité relative d'arriver à une position sociale, puis on effectue un rapport des différentes probabilités).
3. La famille est un déterminant de la mobilité sociale. P. Bourdieu explique que c'est plutôt un facteur de reproduction sociale. Les « héritiers » mieux dotés en capitaux (le capital économique, le capital culturel -symboles, prestiges, diplômes-, et le capital social -réseau de relations) parviennent à investir leurs ressources dans les différents champs sociaux pour obtenir de meilleures places sociales, ce qui contribue à la reproduction de la hiérarchie sociale. D'autres sociologues, montrent cependant des mobilisations familiales particulières, et des environnements scolaires particuliers, qui expliquent les trajectoires atypiques.
4. L'école est un déterminant de la mobilité sociale. La démocratisation de l'accès à l'enseignement (= massification en vagues successives d'ouvertures : primaire avec Guizot 1833 et Ferry 1881, collèges avec Berthoin 1959 et Haby 1975, lycées avec Chevènement 1985) ne doit pas être confondue avec la démocratisation scolaire (amélioration de l'égalité des chances scolaires). La forte hausse du nombre de scolarisés et l'élévation du niveau de qualification moyen sont les principaux indicateurs d'une réussite de la massification scolaire. La stagnation de l'accès au baccalauréat, le maintien d'un nombre stable d'élèves en retards et en échec scolaire, et la fermeture sociale des filières d'élite sont plutôt des indicateurs de l'échec de la démocratisation scolaire.
5. Raymond Boudon considère que les inégalités scolaires, observées et indéniables, sont provoquées par la multiplication des paliers d'orientation, ce qui conduit les familles défavorisées et sous-informées, à multiplier les erreurs de calcul coût-avantages. P. Bourdieu considère que l'école ne fait que légitimer une différence sociale préexistante, en récompensant des élèves déjà dotés culturellement (la compétition scolaire est faussée puisque certains de par leur naissance, maîtrisent beaucoup mieux que d'autres les règles du jeu scolaire).
6. Le paradoxe d'Anderson (1961) est un décalage observé entre le niveau de diplôme obtenu par un fils par rapport à son père, et la position sociale effective comparée à celle du père. Un diplôme supérieur n'assure pas automatiquement une position sociale supérieure, car le nombre de diplômes délivrés augmente plus vite (inflation des diplômes) que le nombre de places sociales correspondantes. Attention, la qualité du diplôme n'est pas en cause. (V1)
10. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer à la justice sociale ? Télécharger le résumé
1. L'idéal égalitaire prend la forme d'une égalité juridique et formelle (égalité civique et égalité politique, règle du jeu), d'une égalité des conditions au sens de Tocqueville (droits, considération et surtout égalité des chances), et d'une égalité des situations, réelle, au sens de Marx (égalité des résultats). Ces trois dimensions de l'idéal égalitaire sont souvent en contradiction, et entrent aussi en conflit avec le principe de liberté (droit de disposer de soi-même et de ses biens) : trop de liberté peut déboucher sur des inégalités et un recul de l'égalité des chances, trop d'égalité peut conduire à des inefficacités économiques.
2. La justice est l'idéal consistant à traiter une situation d'une manière jugée équitable (dans un système de valeurs donné). Il y a donc au moins trois types de justice qui entrent en contradiction : justice universaliste (traiter de la même façon), justice différentialiste (tenir compte des situations et mérites, et pratiquer parfois de la discrimination positive, au risque de stigmatiser), justice correctrice (corriger la situation finale pour remettre à égalité).
3. John Rawls 1971 essaye de résoudre l'équation en imaginant une société idéale ou l'on pose des priorités : d'abord le principe de liberté, puis le principe d'égalité des chances, puis le principe de différence (on accepte l'inégalité si et seulement si elle profite à tous). Amartya Sen 2000 propose une autre solution (proche de celle de Marx) en estimant prioritaire de donner aux gens des libertés réelles des « capabilités », en couvrant les besoins de base (incluant santé et éducation).
4. La protection sociale est l'ensemble des dispositifs institutionnels (comme la Sécurité Sociale) destinés à prémunir la population contre les 5 risques sociaux (évènement reconnu comme indépendant de la volonté de l'individu et entrainant une rupture de revenu : vieillesse, maladie, maternité, chômage et accident du travail), auquel on ajoute l'aide sociale (RSA).
5. On distingue une logique verticale de redistribution et de solidarité (recherche de l'équité sociale par les prélèvements obligatoires et le versement de prestations). Le droit à l'assistance ne dépend pas d'une cotisation préalable mais d'une situation particulière de l'individu. On parle de prestations non contributives financées par l'impôt (exemple du RMI, RSA). C'est le système de Beveridge (1942). Et/ou une logique horizontale d'assurance (ceux qui subissent le risque sont financés par ceux qui ne le subissent pas). L'ayant droits reçoit un revenu de transfert fondés sur des droits acquis grâce à une cotisation préalable (exemple de l'assurance chômage). C'est le système Bismarkien dont s'inspire la sécurité sociale française. Gosta esping Andersen considère que le mélange assurance et solidarité donne 3 modèles : corporatiste (France : protection variable liée aux secteurs professionnels), universaliste (Suède : protection généreuse) et résiduel (USA : la protection sociale est un filet de sécurité). La sécurité sociale Française est en train de passer d'une logique Bismarkienne (financée par des cotisations, décidées par les partenaires sociaux), à une logique Beverdigienne minimale, financée par impôts (CSG, RDS : 35% des recettes, vote parlementaire, 635 milliards de recettes, 655 milliards de dépenses de protection).
6. L'Etat providence joue un rôle important en matière d'intégration sociale, mais il subit depuis 30 ans, une triple crise (Pierre Rozanvallon) : une crise financière (rapports entre cotisants et dépenses dans un contexte de chômage et de vieillissement), une crise de légitimité (les libéraux l'accusent de renforcer l'irresponsabilité, de dégrader la compétitivité des entreprises françaises et de dés-inciter au travail, même si Keynes soulignait ses effets contra ?cycliques positifs : distribution de revenus en période de crise), une crise d'efficacité (malgré la protection, il reste encore une population en grande difficulté, et les services collectifs sont souvent critiqués). Les réformes proposées vont toutes dans le même sens : une dépense sociale de plus plus soumises à conditions, et la recherche de nouvelles recettes. Mais il est difficile de réformer car de nombreux groupes sociaux et professionnels ont intérêt au statu quo. (V1)
Attention, synthèses "en l'état" proposées par M. Bruneau. N'hésitez pas à signaler les éventuelles erreurs, ou à faire part de vos observations et critiques, en utilisant le formulaire. Merci d'avance !
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*La macroéconomie (terme introduit en 1933 par l’économiste norvégien Ragnar Frisch) est l'approche théorique qui étudie l'économie à travers les relations existant entre les grands agrégats économiques, le revenu, l'investissement, la consommation, le taux de chômage, l'inflation, etc. Cf. Wikipédia.