Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?
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Le 19ème siècle est un siècle de grandes transformations politiques, économiques et sociales
Sur le plan politique, après 1789, c'est la fin de la monarchie absolue, et la mise en place du principe de souveraineté du peuple.
Cela signe la fin de la société d'ordres et le passage à une société de statuts acquis (méritocratie), le tout dans un contexte de contestation de la place centrale de la religion (sécularisation de la société).
Sur le plan social et économique, c'est le siècle de l'exode rural (même si la population reste majoritairement rurale), et corrélativement le siècle de l'urbanisation et de la formation de la classe ouvrière.
(V1)
Sur le plan politique, après 1789, c'est la fin de la monarchie absolue, et la mise en place du principe de souveraineté du peuple.
Cela signe la fin de la société d'ordres et le passage à une société de statuts acquis (méritocratie), le tout dans un contexte de contestation de la place centrale de la religion (sécularisation de la société).
Sur le plan social et économique, c'est le siècle de l'exode rural (même si la population reste majoritairement rurale), et corrélativement le siècle de l'urbanisation et de la formation de la classe ouvrière.
(V1)
Les individus s'émancipent donc progressivement des tutelles locales, le contrôle social s'affaiblit, le groupe social n'est plus aussi homogène et l'individualisme progresse dans les sociétés occidentales.
On peut dire rapidement, que l'individualisme est une attention portée aux droits de l'être humain (égalité et liberté par rapport au collectif, à la société) et à son autonomie (capacité à se donner ses propres règles de comportement).
L'individualisme peut se dégrader en égoïsme quand il désigne un repli sur soi et un refus des solidarités collectives.
(V1)
On peut dire rapidement, que l'individualisme est une attention portée aux droits de l'être humain (égalité et liberté par rapport au collectif, à la société) et à son autonomie (capacité à se donner ses propres règles de comportement).
L'individualisme peut se dégrader en égoïsme quand il désigne un repli sur soi et un refus des solidarités collectives.
(V1)
Dans ce contexte de grandes transformations sociales, la sociologie, avec Durkheim (1858- 1917) en France (et Weber en Allemagne) va se constituer et se développer autour de la question centrale du lien social : comment remplacer la religion, les traditions et les communautés locales, i.e.
les anciens facteurs de cohésion sociale qui disparaissent ? On remarque que cette interrogation sur la cohésion sociale (ce qui rassemble et fait l'unité du groupe : l'intensité du lien social, politique, marchand) va de pair avec une inquiétude croissante des dirigeants politiques vis à vis des « classes dangereuses » (qui explique la politique « sociale anti - socialiste » de Bismarck en Allemagne, en 1880- 1890). (V1)
les anciens facteurs de cohésion sociale qui disparaissent ? On remarque que cette interrogation sur la cohésion sociale (ce qui rassemble et fait l'unité du groupe : l'intensité du lien social, politique, marchand) va de pair avec une inquiétude croissante des dirigeants politiques vis à vis des « classes dangereuses » (qui explique la politique « sociale anti - socialiste » de Bismarck en Allemagne, en 1880- 1890). (V1)
Aujourd'hui, avec par exemple, la persistance d'un chômage de masse (autour de 10- 11% de la population active), un nombre croissant de sans- abri (100 à 200 000, selon des sources très parcellaires) et de bénéficiaires du RSA (plus de 2.2 millions en 2013, 480€ par mois), la dégradation des banlieues, l'hostilité des élites aux impôts, la montée des extrêmes politiques et des discours xénophobes...
se pose à nouveau, la question de savoir comment concilier lien social et individualisme, dans le cadre cette fois d'une société industrielle en crise, avec des instances de socialisation transformées et apparemment inefficaces.
(V1)
se pose à nouveau, la question de savoir comment concilier lien social et individualisme, dans le cadre cette fois d'une société industrielle en crise, avec des instances de socialisation transformées et apparemment inefficaces.
(V1)
L'intégration sociale désigne couramment l'insertion d'un individu dans un ensemble social (et sa participation à la vie collective) : c'est alors un état (être intégré ou non).
Dans une perspective dynamique, l'intégration désigne aussi le processus conduisant à cette insertion (s'intégrer à un groupe ou être intégré par un groupe).
On fait référence ici à l'efficacité ou non des processus de socialisation (processus par lesquels la personne humaine apprend et intériorise les éléments socio- culturels, normes et valeurs) et de contrôle social (sanctions positives et négatives, informelles ou formelles).
C'est enfin une relation à double sens (individu <- - > société) qui passe par le partage de valeurs et normes communes, et produit de la cohésion sociale (un sentiment d'appartenance au groupe à l'origine de l'unité et de la solidarité des membres du groupe). (V2)
Dans une perspective dynamique, l'intégration désigne aussi le processus conduisant à cette insertion (s'intégrer à un groupe ou être intégré par un groupe).
On fait référence ici à l'efficacité ou non des processus de socialisation (processus par lesquels la personne humaine apprend et intériorise les éléments socio- culturels, normes et valeurs) et de contrôle social (sanctions positives et négatives, informelles ou formelles).
C'est enfin une relation à double sens (individu <- - > société) qui passe par le partage de valeurs et normes communes, et produit de la cohésion sociale (un sentiment d'appartenance au groupe à l'origine de l'unité et de la solidarité des membres du groupe). (V2)
Le lien social peut alors prendre les trois formes suivantes :
- le lien de sociabilité (lien avec les amis, l'entourage, échanges quotidiens, ...
qui peut prendre la forme d'un lien marchand)
- le lien de solidarité (sentiment d'appartenance a un collectif, une communauté)
- le lien civil (appartenance du citoyen à la collectivité, qui est aussi un sentiment de solidarité).
On peut aussi distinguer entre les liens primaires (de proximité) et les liens indirects par la médiation d'institutions (emplois, associations...).
D'autres auteurs préfèrent plus simplement, distinguer entre :
- le lien communautaire (relations sociales)
- le lien marchand (relations économiques)
- le lien politique (relations au pouvoir et à la Nation).
Enfin, Serge Paugam propose la typologie suivante :
- Le lien de filiation
- Le lien de participation élective
- Le lien de participation organique
- Le lien de citoyenneté (V1)
- le lien de sociabilité (lien avec les amis, l'entourage, échanges quotidiens, ...
qui peut prendre la forme d'un lien marchand)
- le lien de solidarité (sentiment d'appartenance a un collectif, une communauté)
- le lien civil (appartenance du citoyen à la collectivité, qui est aussi un sentiment de solidarité).
On peut aussi distinguer entre les liens primaires (de proximité) et les liens indirects par la médiation d'institutions (emplois, associations...).
D'autres auteurs préfèrent plus simplement, distinguer entre :
- le lien communautaire (relations sociales)
- le lien marchand (relations économiques)
- le lien politique (relations au pouvoir et à la Nation).
Enfin, Serge Paugam propose la typologie suivante :
- Le lien de filiation
- Le lien de participation élective
- Le lien de participation organique
- Le lien de citoyenneté (V1)
Selon Durkheim, l'intensité du lien social au sein d'un groupe dépend de trois facteurs (conscience collective, relations sociales, buts communs).
Si un seul de ces trois éléments manque, alors une crise du lien social peut apparaître :
- Une forte conscience collective (« ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres »), c'est à dire une intériorisation de la culture commune.
- Des relations sociales nombreuses et diversifiées entre les membres du groupe
- L'existence de buts communs (V1)
Si un seul de ces trois éléments manque, alors une crise du lien social peut apparaître :
- Une forte conscience collective (« ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres »), c'est à dire une intériorisation de la culture commune.
- Des relations sociales nombreuses et diversifiées entre les membres du groupe
- L'existence de buts communs (V1)
L'augmentation de la population (« volume social »), de sa concentration (« densité matérielle ») et des relations sociales (« densité morale ») expliquerait la division croissante du travail social.
Dans les sociétés modernes, chacun doit alors se spécialiser dans des tâches de plus en plus précises, ce qui peu à peu différencie les individus.
L'analyse de Durkheim est une critique directe de l'explication économique proposée par Adam Smith (la notion d'individu n'existant pas avant le processus de division du travail, il ne peut donc le mettre en place rationnellement après, comme le postule Adam Smith ).
(V1)
Dans les sociétés modernes, chacun doit alors se spécialiser dans des tâches de plus en plus précises, ce qui peu à peu différencie les individus.
L'analyse de Durkheim est une critique directe de l'explication économique proposée par Adam Smith (la notion d'individu n'existant pas avant le processus de division du travail, il ne peut donc le mettre en place rationnellement après, comme le postule Adam Smith ).
(V1)
La division croissante du travail social (en grandes fonctions, en métiers, chacun se spécialisant) entraînerait, selon Durkheim, le passage progressif de la solidarité mécanique dans les sociétés traditionnelles, à la solidarité organique qui caractérise les sociétés modernes et complexes. (V1)
Solidarité mécanique fondée sur la similitude entre les hommes, à l'image des rouages interchangeables d'un mécanisme : la personne humaine est utile comme pièce d'un mécanisme, mais n'est pas d'une importance capitale.
Elle peut être remplacée facilement dans l'ordre collectif, et n'a pas une conscience forte d'exister en tant qu'individu porteur de droits.
Le partage de croyances et pratiques communes, qui forment une conscience collective, fait que les rôles et comportements individuels sont dictés par les normes collectives (fatalisme de l'ordre social, importance du droit répressif pour recadrer les anomalies).
La structuration sociale est finalement limitée à la parenté, l'âge et le sexe (rôles sociaux simples). (V1)
Elle peut être remplacée facilement dans l'ordre collectif, et n'a pas une conscience forte d'exister en tant qu'individu porteur de droits.
Le partage de croyances et pratiques communes, qui forment une conscience collective, fait que les rôles et comportements individuels sont dictés par les normes collectives (fatalisme de l'ordre social, importance du droit répressif pour recadrer les anomalies).
La structuration sociale est finalement limitée à la parenté, l'âge et le sexe (rôles sociaux simples). (V1)
Solidarité organique, à l'image d'un organe humain irremplaçable et fonctionnel : la personne humaine est utile comme l'organe fonctionnel d'un système, les individus sont alors complémentaires.
Chacun est donc dépendant de l'autre (sans en avoir forcément conscience).
Une conscience individuelle se développe, et les individus deviennent plus autonomes, alors même que l'interdépendance augmente.
Le droit restitutif plus attentif aux préjudices des victimes, prend la place du droit répressif. (V1)
Chacun est donc dépendant de l'autre (sans en avoir forcément conscience).
Une conscience individuelle se développe, et les individus deviennent plus autonomes, alors même que l'interdépendance augmente.
Le droit restitutif plus attentif aux préjudices des victimes, prend la place du droit répressif. (V1)
La complémentarité (solidarité organique) entraîne normalement et nécessairement, de la solidarité (« j'ai besoin de l'autre pour accomplir mon objectif, il a besoin de moi»), et donc de la cohésion sociale (« nous faisons partie du même groupe »).
Les trois formes anormales de division du travail, déjà identifiées par Durkheim, entraînent cependant, un déficit de solidarité (et donc de cohésion sociale) :
- la division du travail bureaucratique (excessive spécialisation qui fait perdre de vue la finalité de l'organisation : j'applique de manière absurde une règle générale, sans m'apercevoir du fait que cette application conduit au contraire du but recherché par la règle),
- la division contrainte (affectation d'un individu en dehors de ses compétences, qui produit du ressentiment, de la frustration, et aussi de l'inefficacité),
- et surtout la division anomique (perte de repères, de règles et de limites, qui fait que l'on s'imagine surpuissant, sans soutien des autres, et que l'on poursuit sans cesse des désirs infinis, voir plus bas) (V1)
Les trois formes anormales de division du travail, déjà identifiées par Durkheim, entraînent cependant, un déficit de solidarité (et donc de cohésion sociale) :
- la division du travail bureaucratique (excessive spécialisation qui fait perdre de vue la finalité de l'organisation : j'applique de manière absurde une règle générale, sans m'apercevoir du fait que cette application conduit au contraire du but recherché par la règle),
- la division contrainte (affectation d'un individu en dehors de ses compétences, qui produit du ressentiment, de la frustration, et aussi de l'inefficacité),
- et surtout la division anomique (perte de repères, de règles et de limites, qui fait que l'on s'imagine surpuissant, sans soutien des autres, et que l'on poursuit sans cesse des désirs infinis, voir plus bas) (V1)
Il subsiste cependant des mécanismes sociaux, qui relèvent de l'ancienne solidarité mécanique dans les sociétés complexes : ce peut être par exemple, l'appartenance à un collectif local, à un collectif religieux, à une communauté culturelle ou une communauté de valeurs politiques.
Le sociologue allemand du début du 20ème siècle, Georg Simmel (reprenant une typologie célèbre de Ferdinand Tönnies différenciant entre les sociétés froides modernes où le lien social est lointain, marchand, calculatoire, et les sociétés chaudes traditionnelles où l'affectif prend une place importante dans la communauté) distingue ainsi entre les liens communautaires (où l'individu se fond dans le groupe primaire) et les liens de société (où l'individu appartient à plusieurs cercles de relations juxtaposés, ce qui renforce son individualité).
(V1)
Le sociologue allemand du début du 20ème siècle, Georg Simmel (reprenant une typologie célèbre de Ferdinand Tönnies différenciant entre les sociétés froides modernes où le lien social est lointain, marchand, calculatoire, et les sociétés chaudes traditionnelles où l'affectif prend une place importante dans la communauté) distingue ainsi entre les liens communautaires (où l'individu se fond dans le groupe primaire) et les liens de société (où l'individu appartient à plusieurs cercles de relations juxtaposés, ce qui renforce son individualité).
(V1)
Les instances d'intégration que sont la famille, l'école, le travail et manière plus générale le sentiment d'appartenance citoyenne, sont aujourd'hui fragilisées.
L'institution est un ensemble de normes qui orientent l'action sociale (normes extérieures, stables et intangibles, contraignantes avec sanctions).
Les instances d'intégration sont des institutions particulières dont l'objectif est de produire et de renforcer la cohésion sociale d'un groupe. (V1)
L'institution est un ensemble de normes qui orientent l'action sociale (normes extérieures, stables et intangibles, contraignantes avec sanctions).
Les instances d'intégration sont des institutions particulières dont l'objectif est de produire et de renforcer la cohésion sociale d'un groupe. (V1)
La famille était un lieu de socialisation primordial (elle assurait la transmission aux individus des règles de la vie en société, apprentissage des normes et valeurs, qui étaient différent selon les groupes sociaux, socialisation primaire).
Aujourd'hui la famille se transforme spectaculairement, quels que soient les indicateurs retenus :
- Recul de la place du mariage traditionnel à la fois dans les chiffres (on passe de 390 000 mariages dans les années 70, à 300 000 au début des années 2000, puis moins de 250 000 de nos jours) et au niveau du symbole (le célibat s'installe chez les moins de 30 ans, les unions hors mariage se multiplient).
On note aussi une remontée de l'âge au mariage (Hommes 29 ans, Femmes 27 ans dans les années 2000).
- Augmentation des divorces (1/3 du flux des mariages - pas du stock, plus de 120 000 par an), ce qui tend à fragiliser l'institution familiale (de plus en plus vécue sur le mode associatif, selon par exemple, le sociologue Louis Roussel).
Cette fragilisation du lien marital est accentuée par la prédominance du lien affectif (fragile) sur le lien matériel et financier (mariages traditionnels de raison).
- Nouvelles formes familiales, conjugalités hors mariage (familles monoparentales, familles recomposées, PACS environ 180 000 par an contre 60000 en 2005, PACS et mariage de même sexe, environ 10 000 par an).
- Famille réduite par la diminution (relative) de la fécondité (environ 2 aujourd'hui contre 2.9 dans les années 60, 30 ans âge moyen à l'accouchement), naissances hors mariage (aujourd'hui environ 50% sur 800 000 naissances par an), et famille de taille réduite (près de 50% avec un seul enfant). (V1)
Aujourd'hui la famille se transforme spectaculairement, quels que soient les indicateurs retenus :
- Recul de la place du mariage traditionnel à la fois dans les chiffres (on passe de 390 000 mariages dans les années 70, à 300 000 au début des années 2000, puis moins de 250 000 de nos jours) et au niveau du symbole (le célibat s'installe chez les moins de 30 ans, les unions hors mariage se multiplient).
On note aussi une remontée de l'âge au mariage (Hommes 29 ans, Femmes 27 ans dans les années 2000).
- Augmentation des divorces (1/3 du flux des mariages - pas du stock, plus de 120 000 par an), ce qui tend à fragiliser l'institution familiale (de plus en plus vécue sur le mode associatif, selon par exemple, le sociologue Louis Roussel).
Cette fragilisation du lien marital est accentuée par la prédominance du lien affectif (fragile) sur le lien matériel et financier (mariages traditionnels de raison).
- Nouvelles formes familiales, conjugalités hors mariage (familles monoparentales, familles recomposées, PACS environ 180 000 par an contre 60000 en 2005, PACS et mariage de même sexe, environ 10 000 par an).
- Famille réduite par la diminution (relative) de la fécondité (environ 2 aujourd'hui contre 2.9 dans les années 60, 30 ans âge moyen à l'accouchement), naissances hors mariage (aujourd'hui environ 50% sur 800 000 naissances par an), et famille de taille réduite (près de 50% avec un seul enfant). (V1)
La progression de l'autonomie et du modèle démocratique au sein de la famille diminuerait les échanges, la solidarité familiale, et affaiblirait la capacité socialisatrice des familles (difficulté à transmettre des normes et valeurs).
On peut identifier trois facteurs principaux :
- Une libéralisation générale des moeurs et des pratiques qui se « dégraderait » en individualisme (il faut noter que le droit évolue sous la pression sociale, et traduit une plus grande tolérance).
- La progression de l'activité féminine, qui donne plus de marges de manoeuvres matérielles et symboliques (mais en même temps cela favoriserait, sous certaines conditions sociales, l'émergence de femmes seules et fragilisées).
- La concurrence de l'Etat qui prend en charge de plus en plus de fonctions familiales traditionnelles : personnes âgées, parrainages, santé, et- Ce n'est pas forcément une évolution négative, car cela va dans le sens d'une réduction des inégalités.
(V1)
On peut identifier trois facteurs principaux :
- Une libéralisation générale des moeurs et des pratiques qui se « dégraderait » en individualisme (il faut noter que le droit évolue sous la pression sociale, et traduit une plus grande tolérance).
- La progression de l'activité féminine, qui donne plus de marges de manoeuvres matérielles et symboliques (mais en même temps cela favoriserait, sous certaines conditions sociales, l'émergence de femmes seules et fragilisées).
- La concurrence de l'Etat qui prend en charge de plus en plus de fonctions familiales traditionnelles : personnes âgées, parrainages, santé, et- Ce n'est pas forcément une évolution négative, car cela va dans le sens d'une réduction des inégalités.
(V1)
Mais il faut nuancer ce constat de la crise de l'institution familiale.
- Les possibilités de contacts familiaux restent importantes (sociabilité et rencontres) et toutes les enquêtes montrent que les normes et valeurs restent héritées dans une large mesure (même si l'autonomie progresse).
- La fonction de solidarité reste importante (ascendants vers descendants et vice versa, solidarité intergénérationnelle) surtout en période de crise économique.
La parentèle remplace peu à peu, le ménage strict- sensu dans les fonctions affectives ou de solidarité.
Plus que d'une crise de la famille, on doit donc, sans doute parler d'une transformation du modèle de famille, qui se diversifie.
Seule l'institution est contestée.
Aujourd'hui, la tendance est à un fonctionnement différent des familles (cf.
Jean Etienne) :
- Les règles sont créées et modifiées par libre entente (« De la famille instituante à la famille contrat » selon E.
Burgess)
- Libre entrée - libre sortie au sein du couple et de la famille
- Rôles non prédéfinis par des statuts (négociations permanentes).
Rien ne permet d'affirmer que ce nouveau style de famille soit moins efficace en termes de socialisation.
Par ailleurs, en période de crise, la famille reste un recours et un refuge incontournable (soutien moral, aides financières ou en nature, etc.). (V1)
- Les possibilités de contacts familiaux restent importantes (sociabilité et rencontres) et toutes les enquêtes montrent que les normes et valeurs restent héritées dans une large mesure (même si l'autonomie progresse).
- La fonction de solidarité reste importante (ascendants vers descendants et vice versa, solidarité intergénérationnelle) surtout en période de crise économique.
La parentèle remplace peu à peu, le ménage strict- sensu dans les fonctions affectives ou de solidarité.
Plus que d'une crise de la famille, on doit donc, sans doute parler d'une transformation du modèle de famille, qui se diversifie.
Seule l'institution est contestée.
Aujourd'hui, la tendance est à un fonctionnement différent des familles (cf.
Jean Etienne) :
- Les règles sont créées et modifiées par libre entente (« De la famille instituante à la famille contrat » selon E.
Burgess)
- Libre entrée - libre sortie au sein du couple et de la famille
- Rôles non prédéfinis par des statuts (négociations permanentes).
Rien ne permet d'affirmer que ce nouveau style de famille soit moins efficace en termes de socialisation.
Par ailleurs, en période de crise, la famille reste un recours et un refuge incontournable (soutien moral, aides financières ou en nature, etc.). (V1)
Avec l'ouverture des accès au collège (unique) puis au lycée (massification scolaire des années 70 puis 80, qui se traduit notamment par une multiplication des constructions de bâtiments scolaires), les jeunes de milieux populaires espèrent connaître une promotion sociale grâce à l'école (on parle de démocratisation scolaire alors que dans l'ancien système, en 2 filières étanches, la sélection scolaire reposait sur une forte sélection sociale en amont du lycée).
L'échec scolaire a donc désormais des conséquences plus dramatiques (imputation personnelle et non plus sociale, de l'échec), alors même que la diversification et la complexification du système scolaire apparaît comme pouvant renforcer les inégalités sociales (la maitrise stratégique des informations cf.
Boudon, et des aptitudes scolairement valorisées cf.
Bourdieu , reste socialement très différenciée), et que la fonction de sélection de l'école s'accentue (en période d'incertitude économique). (V1)
L'échec scolaire a donc désormais des conséquences plus dramatiques (imputation personnelle et non plus sociale, de l'échec), alors même que la diversification et la complexification du système scolaire apparaît comme pouvant renforcer les inégalités sociales (la maitrise stratégique des informations cf.
Boudon, et des aptitudes scolairement valorisées cf.
Bourdieu , reste socialement très différenciée), et que la fonction de sélection de l'école s'accentue (en période d'incertitude économique). (V1)
Par ailleurs, l'école (concurrencée notamment par les médias, et avec des moyens financiers en recul depuis 1995) a de plus en plus de difficultés à accomplir simultanément trois tâches fondamentales :
- transmettre les normes et valeurs nécessaires à une vie collective (le partage d'une culture commune).
Le public scolaire plus nombreux, est en effet, socialement et culturellement beaucoup plus hétérogène que dans les années 60.
- fournir une qualification adaptée, à tous, pour permettre l'exercice d'une profession (intégration professionnelle).
L'échec scolaire entraine aujourd'hui un échec de l'intégration économique et sociale (ce n'était pas le cas dans les années 1960 : il existait des fonctions économiques de base, comme cantonnier du village, pour ceux qui échouaient dans les premiers degrés de l'école).
- et être le cadre d'un apprentissage de l'autonomie citoyenne (c'est de plus en plus difficile, quand les sources d'information et de savoir se diversifient et se multiplient, donnant ainsi l'illusion d'une toute puissance intellectuelle). (V1)
- transmettre les normes et valeurs nécessaires à une vie collective (le partage d'une culture commune).
Le public scolaire plus nombreux, est en effet, socialement et culturellement beaucoup plus hétérogène que dans les années 60.
- fournir une qualification adaptée, à tous, pour permettre l'exercice d'une profession (intégration professionnelle).
L'échec scolaire entraine aujourd'hui un échec de l'intégration économique et sociale (ce n'était pas le cas dans les années 1960 : il existait des fonctions économiques de base, comme cantonnier du village, pour ceux qui échouaient dans les premiers degrés de l'école).
- et être le cadre d'un apprentissage de l'autonomie citoyenne (c'est de plus en plus difficile, quand les sources d'information et de savoir se diversifient et se multiplient, donnant ainsi l'illusion d'une toute puissance intellectuelle). (V1)
Devant l'échec du projet démocratique et les difficultés sur le plan de la transmission, faut- il alors restaurer l'autorité républicaine (refonder la laïcité, réhabiliter l'autorité verticale...) ou s'orienter vers un marché scolaire (appel à des solutions marchandes supposées plus efficaces, car soumises au principe de concurrence) ? (V1)
La (longue) crise économique rend plus difficile l'intégration économique et sociale par le travail.(...) (V1)
On observe une généralisation du salariat au 20ème siècle.
Les travaux de R.
Castel sur la société salariale mettent en évidence à partir de la seconde moitié du 19ème siècle jusqu'au début 1970, le passage progressif du salariat (condition dévalorisée, indignité) à la « société salariale » (la place dans le salariat est centrale et valorisée, le salarié est protégé).
En 2013, près de 90% des actifs sont des salariés.
L'emploi donne revenus, position sociale et protection sociale :
- L'autonomie financière et l'accès aux biens de consommation (niveaux et modes de vie) permettant de bénéficier du niveau de vie standard de sa société.
- Une position sociale affichée par la consommation (Jean Baudrillard analyse ainsi les signes ostentatoires : consommer permet d'afficher un statut social, de donner des signes de reconnaissance qui permettent de se regrouper par « niveau » social)
- En France, le travail salarié stable confère au travailleur un ensemble de droits sociaux qui réduit l'insécurité sociale (protection sociale inspirée par le modèle corporatiste Bismarkien, où la protection n'est accordée qu'à ceux qui ont cotisé au préalable).
Cette citoyenneté sociale (R.
Castel) permise par l'Etat providence, renforce d'ailleurs la citoyenneté politique.
Par intégration économique, on désigne donc une situation où les besoins de base (alimentation, habitation, santé, éducation) sont satisfaits à un niveau correspondant au standard d'une société donnée (il ne s'agit donc pas seulement d'un minimum physiologique). (V1)
Les travaux de R.
Castel sur la société salariale mettent en évidence à partir de la seconde moitié du 19ème siècle jusqu'au début 1970, le passage progressif du salariat (condition dévalorisée, indignité) à la « société salariale » (la place dans le salariat est centrale et valorisée, le salarié est protégé).
En 2013, près de 90% des actifs sont des salariés.
L'emploi donne revenus, position sociale et protection sociale :
- L'autonomie financière et l'accès aux biens de consommation (niveaux et modes de vie) permettant de bénéficier du niveau de vie standard de sa société.
- Une position sociale affichée par la consommation (Jean Baudrillard analyse ainsi les signes ostentatoires : consommer permet d'afficher un statut social, de donner des signes de reconnaissance qui permettent de se regrouper par « niveau » social)
- En France, le travail salarié stable confère au travailleur un ensemble de droits sociaux qui réduit l'insécurité sociale (protection sociale inspirée par le modèle corporatiste Bismarkien, où la protection n'est accordée qu'à ceux qui ont cotisé au préalable).
Cette citoyenneté sociale (R.
Castel) permise par l'Etat providence, renforce d'ailleurs la citoyenneté politique.
Par intégration économique, on désigne donc une situation où les besoins de base (alimentation, habitation, santé, éducation) sont satisfaits à un niveau correspondant au standard d'une société donnée (il ne s'agit donc pas seulement d'un minimum physiologique). (V1)
L'intégration sociale s'est d'abord réalisée par l'intermédiaire des groupes liés au monde du travail (syndicat, communauté professionnelle, entreprise...).
Le monde ouvrier s'est ainsi structuré autour de trois pôles (culture, conscience, syndicalisation)
- Une culture ouvrière homogène (par exemple, oeuvres d'art, littérature et pratique de loisirs voisines et partagées : fêtes du dimanche, bricolage, jardinage, etc.)
- Une conscience de classe entretenue par l'unité de lieu, et les conflits permanents (cf.
analyse marxiste), une forme de solidarité mécanique qui produisait une conscience collective.
- Une logique de participation politique et sociale par le syndicalisme, à partir de la loi Waldeck Rousseau en 1884.
Le mouvement syndical a joué un rôle intégrateur important (fournit des règles communes, une conscience collective, de l'entraide) et à l'origine des droits sociaux généralisés attribués à la condition salariale.
(V1)
Le monde ouvrier s'est ainsi structuré autour de trois pôles (culture, conscience, syndicalisation)
- Une culture ouvrière homogène (par exemple, oeuvres d'art, littérature et pratique de loisirs voisines et partagées : fêtes du dimanche, bricolage, jardinage, etc.)
- Une conscience de classe entretenue par l'unité de lieu, et les conflits permanents (cf.
analyse marxiste), une forme de solidarité mécanique qui produisait une conscience collective.
- Une logique de participation politique et sociale par le syndicalisme, à partir de la loi Waldeck Rousseau en 1884.
Le mouvement syndical a joué un rôle intégrateur important (fournit des règles communes, une conscience collective, de l'entraide) et à l'origine des droits sociaux généralisés attribués à la condition salariale.
(V1)
L'emploi détermine en grande partie le statut social (= position et fonction sociale)
- Le travail est au coeur de la logique méritocratique des sociétés démocratiques.
L'égalité est juridiquement garantie par la suppression de la transmission héréditaire des fonctions (société d'ordres).
La place sociale de chacun dépend alors directement des efforts et du travail fourni : « à chacun selon ses mérites.
» (en théorie...).
Le travail est une valeur qui reste centrale dans les sociétés occidentales (fond judéo- chrétien du travail douleuro labeur, culte protestant de l'effort et de l'abstinence cf.
analyses de Weber).
- L'emploi est devenu le principal facteur d'identité sociale (la façon dont on se perçoit et se définit) à côté de l'appartenance à la Nation (citoyenneté), l'appartenance à une famille, et l'appartenance à un groupe d'amis ou proches.
Le travail est l'occupation principale du temps d'une vie : c'est donc le lieu de la sociabilité et des relations sociales fondamental pour la construction de l'identité propre et sociale.
C'est dans ce cadre que va se construire non seulement l'image que l'individu donne aux autres, mais aussi l'image que les autres ont de l'individu (identité sociale dans ses deux facettes, qui va en retour influencer l'identité propre, socialisation secondaire).
Les critères de réussite sociale font aujourd'hui une large place à l'emploi occupé, à la profession exercée.
La perception de soi est donc fondée en grande partie sur l'emploi que l'on occupe.
Par intégration sociale, on désigne donc essentiellement une situation où l'individu noue des relations fréquentes à l'autre, par- là se positionne dans un groupe, partage ses valeurs et normes et remplit une fonction sociale.
L'emploi est donc un facteur clef d'intégration sociale (mais il n'est pas exclusif : l'intégration sociale peut passer par d'autres réseaux, comme la famille)
(V1)
- Le travail est au coeur de la logique méritocratique des sociétés démocratiques.
L'égalité est juridiquement garantie par la suppression de la transmission héréditaire des fonctions (société d'ordres).
La place sociale de chacun dépend alors directement des efforts et du travail fourni : « à chacun selon ses mérites.
» (en théorie...).
Le travail est une valeur qui reste centrale dans les sociétés occidentales (fond judéo- chrétien du travail douleuro labeur, culte protestant de l'effort et de l'abstinence cf.
analyses de Weber).
- L'emploi est devenu le principal facteur d'identité sociale (la façon dont on se perçoit et se définit) à côté de l'appartenance à la Nation (citoyenneté), l'appartenance à une famille, et l'appartenance à un groupe d'amis ou proches.
Le travail est l'occupation principale du temps d'une vie : c'est donc le lieu de la sociabilité et des relations sociales fondamental pour la construction de l'identité propre et sociale.
C'est dans ce cadre que va se construire non seulement l'image que l'individu donne aux autres, mais aussi l'image que les autres ont de l'individu (identité sociale dans ses deux facettes, qui va en retour influencer l'identité propre, socialisation secondaire).
Les critères de réussite sociale font aujourd'hui une large place à l'emploi occupé, à la profession exercée.
La perception de soi est donc fondée en grande partie sur l'emploi que l'on occupe.
Par intégration sociale, on désigne donc essentiellement une situation où l'individu noue des relations fréquentes à l'autre, par- là se positionne dans un groupe, partage ses valeurs et normes et remplit une fonction sociale.
L'emploi est donc un facteur clef d'intégration sociale (mais il n'est pas exclusif : l'intégration sociale peut passer par d'autres réseaux, comme la famille)
(V1)
Les dernières évolutions empêchent le travail de remplir efficacement sa fonction intégratrice (Robert Castel parle de désaffiliation pour désigner le processus général d'affaiblissement des liens familiaux et des liens du travail) :
- Le travail dans l'entreprise n'est plus un lieu d'ancrage stable (précarisation, logiques individualistes et court- termistes, flexibilité, individualisation de la gestion des ressources humaines, difficulté d'insertion des jeunes...)
- La crise de représentativité du mouvement ouvrier et du syndicalisme, fragilise l'ancrage politique
- Les effets cumulatifs de l'expérience du chômage et de la précarité fragilisent le processus d'intégration (perte d'un statut et d'une image de soi, disparition de la structuration du temps travail/hors travail, diminution des relations sociales, difficultés financières, problèmes de santé...).
Le sociologue Serge Paugam souligne que la rupture des liens peut prendre la forme d'une disqualification sociale (la personne qui est en rupture, peut être amenée progressivement, en raison des réactions du corps social, à intérioriser et a renforcer son nouveau statut d'exclu).
(V1)
- Le travail dans l'entreprise n'est plus un lieu d'ancrage stable (précarisation, logiques individualistes et court- termistes, flexibilité, individualisation de la gestion des ressources humaines, difficulté d'insertion des jeunes...)
- La crise de représentativité du mouvement ouvrier et du syndicalisme, fragilise l'ancrage politique
- Les effets cumulatifs de l'expérience du chômage et de la précarité fragilisent le processus d'intégration (perte d'un statut et d'une image de soi, disparition de la structuration du temps travail/hors travail, diminution des relations sociales, difficultés financières, problèmes de santé...).
Le sociologue Serge Paugam souligne que la rupture des liens peut prendre la forme d'une disqualification sociale (la personne qui est en rupture, peut être amenée progressivement, en raison des réactions du corps social, à intérioriser et a renforcer son nouveau statut d'exclu).
(V1)
La citoyenneté au sens strict, est la participation à la vie politique d'un pays démocratique, i.e.
l'exercice des droits politiques (voter, être éligible).
On y attache aujourd'hui :
- L'exercice des droits civils (droits- libertés tels que : droits de propriété, égalité devant la loi, liberté d'opinion, de conscience, d'expression...),et des droits politiques (droit de vote, d'éligibilité, pluralité,...) visant à protéger des abus de l'Etat, et les droits économiques, culturels et sociaux depuis 1946 et la mise en place de l'Etat Providence (droits socio- économiques tels que : droit de se syndiquer, droit à la protection sociale, au travail, à la formation, à la santé...
visant à protéger des abus des puissances économiques)
- Une participation active à la vie de la cité (vote, militantisme, intérêt pour la chose publique : la res- publica)
- Un ensemble de devoirs civiques (service civil, vote...)
Il se constitue alors une communauté de citoyens, qui se matérialise par l'appartenance à un collectif plus abstrait et plus large que les groupes primaires (familles, tribus, quartiers, amis...), et qui les transcende pour parvenir à une pleine liberté et une pleine égalité (communauté politique selon Dominique Schnapper ).
La Nation (territoire, langue, peuple) et l'Etat (structure administrative) se sont d'ailleurs mutuellement alimentés et renforcés, autour de la notion démocratique de citoyen. (V1)
l'exercice des droits politiques (voter, être éligible).
On y attache aujourd'hui :
- L'exercice des droits civils (droits- libertés tels que : droits de propriété, égalité devant la loi, liberté d'opinion, de conscience, d'expression...),et des droits politiques (droit de vote, d'éligibilité, pluralité,...) visant à protéger des abus de l'Etat, et les droits économiques, culturels et sociaux depuis 1946 et la mise en place de l'Etat Providence (droits socio- économiques tels que : droit de se syndiquer, droit à la protection sociale, au travail, à la formation, à la santé...
visant à protéger des abus des puissances économiques)
- Une participation active à la vie de la cité (vote, militantisme, intérêt pour la chose publique : la res- publica)
- Un ensemble de devoirs civiques (service civil, vote...)
Il se constitue alors une communauté de citoyens, qui se matérialise par l'appartenance à un collectif plus abstrait et plus large que les groupes primaires (familles, tribus, quartiers, amis...), et qui les transcende pour parvenir à une pleine liberté et une pleine égalité (communauté politique selon Dominique Schnapper ).
La Nation (territoire, langue, peuple) et l'Etat (structure administrative) se sont d'ailleurs mutuellement alimentés et renforcés, autour de la notion démocratique de citoyen. (V1)
On assisterait aujourd'hui à une crise de la citoyenneté.
Avec le chômage, l'exclusion, la pauvreté, les inégalités croissantes, il y a en effet :
- Perte des droits sociaux et politiques, moindre identification collective (et repli sur les groupes primaires), perte de civisme (intérêt pour la « chose » publique) et recul des participations politiques (abstention croissante, recul du militantisme, etc.).
- Alors que dans le même temps l'Etat- Nation est contesté, par le haut (mondialisation, constitution de l'espace européen) et par le bas (régionalisation, qui tend à créer des espaces de solidarités plus étroits - par exemple, on se dirait Breton avant d'être Français, repli sur des micro- communautés...)
Le modèle français d'intégration du citoyen serait donc en perte d'efficacité.
Le modèle française se caractérise par deux points essentiels :
- Une politique d'acquisition de la nationalité ouverte, fondée en partie sur le droit du sol et sur l'adhésion à « un vouloir vivre ensemble » (E.
Renan) qui fait référence à une utopie créatrice, un avenir commun, plutôt qu'à un passé commun (à opposer au droit du sang, appliqué notamment jusqu'à récemment, en Allemagne).
- Le refus d'accepter les particularismes ethniques ou religieux, c'est à dire privé, dans l'espace public (refus du multiculturalisme comme aux USA « Melting Pot », la nation française s'étant constituée sur la base d'une négation des spécificités régionales, la séparation entre la sphère religieuse et la sphère politique trouve son aboutissement avec la séparation, non sans difficultés, de l'église et de l'Etat en 1905). (V1)
Avec le chômage, l'exclusion, la pauvreté, les inégalités croissantes, il y a en effet :
- Perte des droits sociaux et politiques, moindre identification collective (et repli sur les groupes primaires), perte de civisme (intérêt pour la « chose » publique) et recul des participations politiques (abstention croissante, recul du militantisme, etc.).
- Alors que dans le même temps l'Etat- Nation est contesté, par le haut (mondialisation, constitution de l'espace européen) et par le bas (régionalisation, qui tend à créer des espaces de solidarités plus étroits - par exemple, on se dirait Breton avant d'être Français, repli sur des micro- communautés...)
Le modèle français d'intégration du citoyen serait donc en perte d'efficacité.
Le modèle française se caractérise par deux points essentiels :
- Une politique d'acquisition de la nationalité ouverte, fondée en partie sur le droit du sol et sur l'adhésion à « un vouloir vivre ensemble » (E.
Renan) qui fait référence à une utopie créatrice, un avenir commun, plutôt qu'à un passé commun (à opposer au droit du sang, appliqué notamment jusqu'à récemment, en Allemagne).
- Le refus d'accepter les particularismes ethniques ou religieux, c'est à dire privé, dans l'espace public (refus du multiculturalisme comme aux USA « Melting Pot », la nation française s'étant constituée sur la base d'une négation des spécificités régionales, la séparation entre la sphère religieuse et la sphère politique trouve son aboutissement avec la séparation, non sans difficultés, de l'église et de l'Etat en 1905). (V1)
Or, aujourd'hui, l'individualisme alimente des revendications de reconnaissance des particularismes et des minorités, qui peut se heurter à la logique du modèle républicain d'intégration.
Par ailleurs, un certain nombre de discours mettent l'accent sur la non intégration d'une frange croissante des immigrés, même de deuxième génération (« problèmes » des banlieues, montée d'un islamisme vu comme radical, etc....).
En niant les particularismes culturels, le modèle français aggraverait les inégalités (empêche les politiques de discriminations positives, et donc ne s'oppose pas énergiquement aux discriminations réelles et croissantes) et favoriserait l'exclusion des étrangers, en les incitant à se replier, paradoxalement, sur leur communauté.
Il faut cependant, faire la part des fantasmes alimentés pour des raisons électorales (le discours xénophobe met l'accent sur l'Autre, désigné comme le bouc émissaire de toutes les difficultés) et la réalité.
On peut ainsi, observer un très net rapprochement des comportements de français « anciens » et des français de 2nde génération, qui montre que « la machine à intégrer » française fonctionne toujours très bien.
Il y a par exemple, des pratiques culturelles qui s'homogénéisent (activités de loisirs, alignement de la fécondité, progression des mariages mixtes, usage renouvelé et enrichi de la langue française, etc.) et une revendication de consommation identique (idéal de modes de vie).
Dans cette perspective, les troubles des banlieues (largement construits et aut- alimentés par les médias comme un problème d'intégration des immigrés) peuvent traduire au contraire une forte assimilation (adhésion aux buts culturels français, mais frustrations, car la crise économique prive des moyens légitimes pour y accéder).
Ce dernier point renvoie aux analyses fonctionnalistes de Robert King Merton qui croise buts et moyens, pour distinguer entre les comportements conformistes, les comportements innovateurs, les comportements ritualistes, les comportements d'évasion, et les comportements rebelles.
Dans cette analyse, les banlieues développent des comportements innovateurs, plus que rebelles.
(V1)
Par ailleurs, un certain nombre de discours mettent l'accent sur la non intégration d'une frange croissante des immigrés, même de deuxième génération (« problèmes » des banlieues, montée d'un islamisme vu comme radical, etc....).
En niant les particularismes culturels, le modèle français aggraverait les inégalités (empêche les politiques de discriminations positives, et donc ne s'oppose pas énergiquement aux discriminations réelles et croissantes) et favoriserait l'exclusion des étrangers, en les incitant à se replier, paradoxalement, sur leur communauté.
Il faut cependant, faire la part des fantasmes alimentés pour des raisons électorales (le discours xénophobe met l'accent sur l'Autre, désigné comme le bouc émissaire de toutes les difficultés) et la réalité.
On peut ainsi, observer un très net rapprochement des comportements de français « anciens » et des français de 2nde génération, qui montre que « la machine à intégrer » française fonctionne toujours très bien.
Il y a par exemple, des pratiques culturelles qui s'homogénéisent (activités de loisirs, alignement de la fécondité, progression des mariages mixtes, usage renouvelé et enrichi de la langue française, etc.) et une revendication de consommation identique (idéal de modes de vie).
Dans cette perspective, les troubles des banlieues (largement construits et aut- alimentés par les médias comme un problème d'intégration des immigrés) peuvent traduire au contraire une forte assimilation (adhésion aux buts culturels français, mais frustrations, car la crise économique prive des moyens légitimes pour y accéder).
Ce dernier point renvoie aux analyses fonctionnalistes de Robert King Merton qui croise buts et moyens, pour distinguer entre les comportements conformistes, les comportements innovateurs, les comportements ritualistes, les comportements d'évasion, et les comportements rebelles.
Dans cette analyse, les banlieues développent des comportements innovateurs, plus que rebelles.
(V1)
Les règles collectives donnent un cadre stable aux relations sociales et entraînent une pacification des rapports quand la règle est bien intériorisée.
Cependant, Durkheim note qu'une trop grande rigidité peut limiter un changement social nécessaire (c'est le problème du rapport norme sociale- norme juridique : il faut d'abord qu'il y ait des actes illégaux, des transgressions, des déviances, pour que la norme sociale évolue, cf.
exemple de l'avortement clandestin). (V1)
Cependant, Durkheim note qu'une trop grande rigidité peut limiter un changement social nécessaire (c'est le problème du rapport norme sociale- norme juridique : il faut d'abord qu'il y ait des actes illégaux, des transgressions, des déviances, pour que la norme sociale évolue, cf.
exemple de l'avortement clandestin). (V1)
L'anomie (a privatif - nomie) est une situation de dérèglement social, qui intervient quand il n'y a plus de normes régulatrices qui permettent de limiter les désirs (et donc d'éviter les désillusions : par exemple, il est aujourd'hui concevable par tous d'imaginer « gagner » 10 millions d'euros par jour, or il y a peu d'élus...) et de tempérer les comportements (période de crise économique, mais aussi période de folie spéculatrice, où tout semble permis).
La situation actuelle caractérisée par une montée de l'individualisme (repli sur la sphère privée, perte de foi dans le collectif) correspondrait à une crise du lien social dans des sociétés modernes à solidarité organique (par complémentarité).
Les individus ne perçoivent plus la nécessité de l'existence de l'autre, croient être les seuls et uniques responsables de leur situation économique et sociale, alors même que chacun à de plus en plus besoin de l'autre (exemple : le médecin français qui gagne beaucoup, ne le doit qu'au fait qu'il est ...français ! Le même homme, avec la même formation, le même talent, le même travail, le même dévouement gagnerait beaucoup moins, de manière absolue et relative ...
au Bangladesh ou au Mali). (V1)
La situation actuelle caractérisée par une montée de l'individualisme (repli sur la sphère privée, perte de foi dans le collectif) correspondrait à une crise du lien social dans des sociétés modernes à solidarité organique (par complémentarité).
Les individus ne perçoivent plus la nécessité de l'existence de l'autre, croient être les seuls et uniques responsables de leur situation économique et sociale, alors même que chacun à de plus en plus besoin de l'autre (exemple : le médecin français qui gagne beaucoup, ne le doit qu'au fait qu'il est ...français ! Le même homme, avec la même formation, le même talent, le même travail, le même dévouement gagnerait beaucoup moins, de manière absolue et relative ...
au Bangladesh ou au Mali). (V1)
L'Etat devient trop « lointain », la famille trop fragile, la religion de moins en moins présente...Où trouver une alternative au repli sur soi ? Selon Durkheim, seuls les groupes professionnels (corporations, syndicats...), semblent appelés à jouer un rôle croissant dans l'intégration sociale et peuvent réactiver le lien social, en faisant prendre conscience, dans les collectifs de travail, de la nécessaire complémentarité de chacun.
Cette solution proposée par anticipation, dès le début du 20ème siècle, parait aujourd'hui bien désuète.
D'autres sociologues proposent plutôt, de réactiver des solidarités locales, des formes de participations démocratiques à la vie locale, comme entrainement à une participation plus forte (démocratie participative, dite horizontale, où les décisions seraient prises par des citoyens réunis en assemblée locales et directes, par exemple des conseils de quartier).
(V1)
Cette solution proposée par anticipation, dès le début du 20ème siècle, parait aujourd'hui bien désuète.
D'autres sociologues proposent plutôt, de réactiver des solidarités locales, des formes de participations démocratiques à la vie locale, comme entrainement à une participation plus forte (démocratie participative, dite horizontale, où les décisions seraient prises par des citoyens réunis en assemblée locales et directes, par exemple des conseils de quartier).
(V1)
Mais le risque est alors la constitution de micr- communautés coupées les unes des autres, soudées dans une solidarité mécanique et qui ignorent leur relation au reste de la société (l'intérêt général n'est- il que la somme des intérêts particuliers ?), ou encore l'instrumentalisation du pouvoir politique par certaines minorités plus actives (voir par exemple le syndrome NIMYG, « Not In My Garden », où des mouvements « citoyens » se mettent en place uniquement parce qu'une règle générale - un projet d'autoroute ou d'aéroport, par exemple,- atteint un intérêt particulier - le trajet prévu passe à côté de mon jardin). (V1)
Attention, synthèses "en l'état" proposées par M. Bruneau. N'hésitez pas à signaler les éventuelles erreurs, ou à faire part de vos observations et critiques, en utilisant le formulaire. Merci d'avance !
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*La macroéconomie (terme introduit en 1933 par l’économiste norvégien Ragnar Frisch) est l'approche théorique qui étudie l'économie à travers les relations existant entre les grands agrégats économiques, le revenu, l'investissement, la consommation, le taux de chômage, l'inflation, etc. Cf. Wikipédia.